mercredi 25 novembre 2009

Explication texte "Qu'est-ce que les lumières" Kant

Réponse à la question :" Qu'est-ce que les Lumières? "

1. De « Qu'est-ce que les Lumières ? .. »
jusqu'à « ... d'un pas assuré.» (de § 1 à § 3)


a. Kant commence par une définition sans équivoque: l'Aufkldrung est la sortie de l'homme de sa minorité ; celle-ci est entendue:
- comme l'incapacité de penser par soi-même et de se «servir de son entendement sans la direction d'autrui»;
- incapacité entendue non comme une limitation de l'entendement mais comme un manque de courage, paresse ou lâcheté, attitude dont l'homme est lui-même responsable.
b. Si la cause essentielle de la «minorité» est un défaut de la volonté qui suit la pente de la facilité - le confort de s'abandonner à la direction d'une autorité étrangère -, cette causalité se complique d'une action réciproque entre tutelle et minorité qui se renforcent mutuellement, la tutelle étant à la fois cause et effet de la minorité. Ainsi comprend-on la difficulté pour un individu livré à lui-même de secouer le joug de ses tuteurs et d'opérer seul un travail de transformation sur son propre esprit.

2. De «Mais qu'un public s'éclaire lui même ... » jusqu'à « ... perpétuation éternelle des inepties. » (de § 4 à § 6)

L'énoncé du mal contient le remède: «Sapere aude : Ose penser par toi-même ». Kant ayant énoncé la condition formelle à laquelle les Lumières pourront se réaliser, procède maintenant à l'examen des conditions concrètes de cette réalisation.
a. La libération visée ne sera pas, sauf exception, le fait de l'individu mais celui d'un public. Il se trouvera toujours quelques personnes éclairées, y compris parmi les tuteurs, pour propager l'esprit des Lumières, c'est-à-dire le courage de penser par soi-même. Le public finira bien alors par s'émanciper du joug de ses tuteurs. Mais c'est un lent processus, car une révolution politique peut libérer d'un tyran sans entraîner pour autant une libération des esprits et la réforme du mode de penser: les mêmes préjugés continuer ont à aliéner «un peuple qui ne pense pas ».

b. La condition sine qua non de l'avènement des Lumières est bien la liberté d'expression, correctement entendue selon Kant, c'est-à-dire qui ne met pas en cause l'obéissance civile. Cette liberté d'expression implique donc des restrictions que Kant met en lumière en distinguant l'usage public et l'usage privé de la raison:
- l'usage privé est défini par les limitations à la liberté d'expression que les contraintes de sa charge à l'intérieur de la communauté ou institution à laquelle il appartient imposent à un individu (le devoir de réserve);
- l'usage public, se recommandant de l'universalité de la raison présente en chaque homme, est l'usage qu'un homme, en tant que savant - c'est-à-dire porteur d'une raison développée, affranchie des préjugés -, peut faire devant un public éclairé ou qu'il veut éclairer. Par ses discours et ses écrits, il s'adresse au «monde» et, en tant que citoyen du monde, il dispose alors «d'une liberté illimitée de se servir de sa propre raison ».
Cette distinction trouve son application directe non seulement dans les institutions telles que l'armée, par exemple, où s'impose l'obéissance au supérieur. Ainsi le citoyen doit-il d'abord se soumettre en tant que citoyen au pouvoir politique, le croyant ou le prêtre à l'autorité religieuse, le soldat ou l'officier à la discipline militaire et chacun ne peut raisonner qu'ensuite. Mais de manière plus générale, dans l'exercice d'une charge civile, chaque individu, s'il doit d'abord obéir en tant que « pièce de la machine», n'en a pas moins le droit et le devoir d'exercer son jugement critique, de raisonner ensuite en « sa qualité d'homme éclairé devant un public de savants» ou de personnes susceptibles d'être éclairées. Il fait alors un libre usage public de sa raison en tant que membre d'une société civile universelle.
Le procès de libération de la raison suppose donc l'ouverture d'un espace commun de discussion qui seul permettra la réduction progressive des différentes formes d'hétéronomie de la pensée, sans laquelle on ne saurait parler de progrès des Lumières.

3. De « Mais une telle société ecclésiastique ... » jusqu'à « ... de ses sujets. » ( §7 et §8 )

Si Kant met l'accent sur l'émancipation en matière de religion, son propos a une portée politique plus générale. Aucune assemblée d'ecclésiastiques et pas davantage l'assemblée d'un peuple, encore moins un monarque, ne peuvent engager l'avenir de l'humanité par des décrets immuables, qui empêcheraient l'émancipation des individus et entraveraient le progrès des Lumières : celui-ci implique en effet la possibilité d'exercer en permanence l'esprit critique, la rectification des erreurs en fonction des connaissances. Si une telle loi était promulguée, à savoir une loi imposant une soumission inconditionnelle, ce ne pourrait être que dans l'attente d'une meilleure loi et pour introduire un certain ordre pendant une durée déterminée. Et l'on ne saurait empêcher que pendant cette période les savants n'exercent publiquement leur esprit critique sur de telles dispositions, pour faire progresser l'institution.
Kant rappelle à cette occasion la pierre de touche de toute législation : est nulle et non avenue une loi à laquelle, à un moment donné, un peuple ne pourrait donner son assentiment.

4. De « Si donc maintenant » jusqu'à la fin. ( de § 9 à §15)

Kant peut conclure en disant que l'époque est sinon éclairée, du moins en marche vers les Lumières, et placer ce mouvement sous le signe de Frédéric, le prince éclairé. Celui-ci, en accordant la liberté d'expression, donc le libre usage public de la raison, favorise d'abord la diffusion des Lumières de l'élite éclairée à la multitude non éclairée et permet le progrès. Un prince éclairé peut même accepter une « franche critique », non seulement dans le domaine des choses de la religion mais dans celui de la législation. Dans cette période de marche vers les Lumières, le despotisme éclairé apparaît donc à Kant comme la meilleure forme de gouvernement car, paradoxalement, seul un pouvoir fort peut accepter sans dommage de laisser libre cours à la critique et même y trouver son profit.

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